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À M. ALPHONSE DE L.


« La trompette, sept fois sonnant dans les nuées,
Poussera jusqu’à lui, pâles, exténuées,
Les races, à grands flots se heurtant dans la nuit ;
Jésus appellera sa mère virginale ;
Et la porte céleste, et la porte infernale,
S’ouvriront ensemble avec bruit !

« Dieu vous dénombrera d’une voix solennelle.
Les rois se courberont sous le vent de son aile.
Chacun lui portera son espoir, ses remords.
Sous les mers, sur les monts, au fond des catacombes,
À travers le marbre des tombes,
Son souffle remûra la poussière des morts !

« Ô siècle ! arrache-toi de tes pensers frivoles.
L’air va bientôt manquer dans l’espace où tu voles !
Mortels ! gloire, plaisirs, biens, tout est vanité !
À quoi pensez-vous donc, vous qui dans vos demeures
Voulez voir en riant entrer toutes les heures ?…
L’Éternité ! L’Éternité ! »

IV



Nos sages répondront : « Que nous veulent ces hommes ?
Ils ne sont pas du monde et du temps dont nous sommes.
Ces poëtes sont-ils nés au sacré vallon ?
Où donc est leur Olympe ? où donc est leur Parnasse ?
Quel est leur Dieu qui nous menace ?
A-t-il le char de Mars ? A-t-il l’arc d’Apollon ?

« S’ils veulent emboucher le clairon de Pindare,
N’ont-ils pas Hiéron, la fille de Tyndare,
Castor, Pollux, l’Élide et les Jeux des vieux temps ;
L’arène où l’encens roule en longs flots de fumée,