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LA LYRE ET LA HARPE.

Viens ; près de tes lares tranquilles,
Tu verras de loin dans les villes
Mugir la Discorde aux cent voix.
Qu’importe à l’heureux solitaire
Que l’autan dévaste la terre,
S’il ne fait qu’agiter ses bois !

LA HARPE.

Dieu, par qui tout forfait s’expie,
Marche avec celui qui le sert.
Apparais dans la foule impie,
Tel que Jean, qui vint du désert.
Va donc, parle aux peuples du monde ;
Dis-leur la tempête qui gronde,
Révèle le juge irrité ;
Et, pour mieux frapper leur oreille,
Que ta voix s’élève, pareille
À la rumeur d’une cité !

LA LYRE.

L’aigle est l’oiseau du Dieu qu’avant tous on adore.
Du Caucase à l’Athos l’aigle planant dans l’air,
Roi du feu qui féconde et du feu qui dévore,
Contemple le soleil et vole sur l’éclair !

LA HARPE.

La colombe descend du ciel qui la salue,
Et, voilant l’Esprit-Saint sous son regard de feu,
Chère au vieillard choisi comme à la vierge élue,
Porte un rameau dans l’arche, annonce au monde un Dieu !

LA LYRE.

Aime ! Éros règne à Gnide, à l’Olympe, au Tartare ;
Son flambeau de Sestos allume le doux phare,