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ODE NEUVIÈME.

L’ÂME.


Je ne sais quel destin trouble l’esprit des mortels ; semblables à des cylindres, ils roulent çà et là, accablés d’une infinité de maux… Mais prends courage, la race des hommes est divine ; lorsque, dépouillé de ton corps, tu t’élèveras dans les régions éthérées, la mort n’aura plus sur toi de pouvoir, tu seras un dieu immortel et incorruptible.
Vers dorés de Pythagore.


I

Fils du ciel, je fuirai les honneurs de la terre ;
Dans mon abaissement je mettrai mon orgueil ;
Je suis le roi banni, superbe et solitaire,
Qui veut le trône ou le cercueil.
Je hais le bruit du monde, et je crains sa poussière.
La retraite, paisible et fière,
Réclame un cœur indépendant ;
Je ne veux point d’esclave, et ne veux point de maître ;
Laissez-moi rêver seul au désert de mon être : —
J’y cherche le buisson ardent.

Toi, qu’aux douleurs de l’homme un Dieu caché convie,
Compagne sous les cieux de l’humble humanité,
Passagère immortelle, esclave de la vie,
Et reine de l’éternité,
Âme ! aux instants heureux comme aux heures funèbres,
Rayonne au fond de mes ténèbres,