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BALLADE QUINZIÈME.

LA FÉE ET LA PÉRI.


Leur ombre vagabonde, à travers le feuillage,
Frémira ; sur les vents ou sur quelque nuage,
Tu les verras descendre ; ou, du sein de la mer
S’élevant comme un songe, étinceler dans l’air ;
Et leur voix, toujours tendre et doucement plaintive,
Caresser en fuyant ton oreille attentive.

André Chénier.


I


Enfants ! si vous mouriez, gardez bien qu’un esprit
De la route des cieux ne détourne votre âme !
Voici ce qu’autrefois un vieux sage m’apprit : —
Quelques démons, sauvés de l’éternelle flamme,
Rebelles moins pervers que l’Archange proscrit,
Sur la terre, où le feu, l’onde ou l’air les réclame,
Attendent, exilés, le jour de Jésus-Christ.
Il en est qui, bannis des célestes phalanges,
Ont de si douces voix qu’on les prend pour des anges.
Craignez-les : pour mille ans exclus du paradis,
Ils vous entraîneraient, enfants, au purgatoire ! —
Ne me demandez pas d’où me vient cette histoire ;
Nos pères l’ont contée ; et moi, je la redis.