Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/645

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Aux palais croulants,
Et jette, tremblante,
Sa lueur sanglante
Sur leurs frontons blancs.

Gomorrhe ! Sodome !
De quel brûlant dôme
Vos murs sont couverts !
L’ardente nuée
Sur vous s’est ruée,
Ô peuple pervers !
Et ses larges gueules
Sur vos têtes seules
Soufflent leurs éclairs.

Ce peuple s’éveille,
Qui dormait la veille
Sans penser à Dieu.
Les grands palais croulent,
Mille chars qui roulent
Heurtent leur essieu ;
Et la foule accrue
Trouve en chaque rue
Un fleuve de feu.

Sur ces tours altières,
Colosses de pierres
Trop mal affermis,
Abondent dans l’ombre
Des mourants sans nombre
Encore endormis.
Sur des murs qui pendent
Ainsi se répandent
De noires fourmis !

Se peut-il qu’on fuie
Sous l’horrible pluie ?