III
LES TÊTES DU SÉRAIL.
I
Le dôme obscur des nuits, semé d’astres sans nombre,
Se mirait dans la mer resplendissante et sombre ;
La riante Stamboul, le front d’ombres voilé,
Semblait, couchée au bord du golfe qui l’inonde,
Entre les feux du ciel et les reflets de l’onde,
Dormir dans un globe étoilé.
On eût dit la cité dont les esprits nocturnes
Bâtissent dans les airs les palais taciturnes,
À voir ses grands harems, séjours des longs ennuis,
Ses dômes bleus, pareils au ciel qui les colore,
Et leurs mille croissants, que semblaient faire éclore
Les rayons du croissant des nuits.
L’œil distinguait les tours par leurs angles marquées,
Les maisons aux toits plats, les flèches des mosquées,
Les moresques balcons en trèfles découpés,
Les vitraux se cachant sous des grilles discrètes,
Et les palais dorés, et comme des aigrettes
Les palmiers sur leur front groupés.
Là, de blancs minarets dont l’aiguille s’élance
Tels que des mâts d’ivoire armés d’un fer de lance ;