Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/210

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Ainsi, — ce souvenir qui pèse
Sur nos ennemis effarés ;
Ainsi, dans une cage anglaise
Tant de pleurs amers dévorés ;
Cette incomparable fortune,
Cette gloire aux rois importune,
Ce nom si grand, si vite acquis,
Sceptre unique, exil solitaire,
Ne valent pas six pieds de terre
Sous les canons qu’il a conquis !


IV

Encor si c’était crainte austère !
Si c’était l’âpre liberté
Qui d’une cendre militaire
N’ose ensemencer la cité !
Si c’était la vierge stoïque
Qui proscrit un nom héroïque
Fait pour régner et conquérir,
Qui se rappelle Sparte et Rome,
Et craint que l’ombre d’un grand homme
N’empêche son fruit de mûrir ! —


Mais non ; la liberté sait aujourd’hui sa force.
Un trône est sous sa main comme un gui sur l’écorce
Quand les races de rois manquent au droit juré ;
Nous avons parmi nous vu passer, ô merveille !

La plus nouvelle et la plus vieille !

Ce siècle, avant trente ans, avait tout dévoré.


La France, guerrière et paisible,
A deux filles du même sang : —
L’une fait l’armée invincible,