Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/292

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Seule en ta sombre tour aux faîtes dentelés,
D’où ton souffle descend sur les toits ébranlés,
O cloche suspendue au milieu des nuées,
Par ton vaste roulis si souvent remuées,
Tu dors en ce moment dans l’ombre, et rien ne luit
Sous ta voûte profonde où sommeille le bruit !
Oh ! tandis qu’un esprit qui jusqu’à toi s’élance,
Silencieux aussi, contemple ton silence,
Sens-tu, par cet instinct vague et plein de douceur
Qui révèle toujours une sœur à la sœur,
Qu’à cette heure où s’endort la soirée expirante,
Une âme est près de toi, non moins que toi vibrante,
Qui bien souvent aussi jette un bruit solennel,
Et se plaint dans l’amour comme toi dans le ciel !

                          II

Oh 1 dans mes premiers temps de jeunesse et d’aurore 75,
Lorsque ma conscience était joyeuse encore,
Sur son vierge métal mon âme avait aussi
Son auguste origine écrite comme ici,
Et sans doute à côté quelque inscription sainte,
Et, n’est-ce pas, ma mère ? une couronne empreinte !
Mais des passants aussi, d’impérieux passants
Qui vont toujours au cœur par le chemin des sens. 76, !
Qui, lorsque le hasard jusqu’à nous les apporte,
Montent notre escalier et poussent notre porte,
Qui viennent bien souvent trouver l’homme au saint lieu,
Et qui le font tinter pour d’autres que pour Dieu ;
Les passions, hélas ! tourbe un jour accourue,