Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/407

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Alors, si l’orphelin s’éveille,
Sans toit, sans mère, et priant Dieu,
Une voix lui dit à l’oreille :
« Eh bien ! viens sous mon dôme bleu !

« Le Louvre est égal aux chaumières
Sous ma coupole de saphirs.
Viens sous mon ciel plein de lumières,
Viens sous mon ciel plein de zéphyrs !

« J’ai connu ton père et ta mère
Dans leurs bons et leurs mauvais jours ;
Pour eux la vie était amère,
Mais moi je fut douce toujours !

« C’est moi qui sur leur sépulture
Ai mis l’herbe qui la défend.
Viens, je suis la grande nature !
Je suis l’aïeule, et toi l’enfant !

« Viens, j’ai des fruits d’or, j’ai des roses,
J’en remplirai tes petits bras ;
Je te dirai de douces choses,
Et peut-être tu souriras !

« Car je voudrais te voir sourire,
Pauvre enfant si triste et si beau !
Et puis tout bas j’irais le dire
À ta mère dans son tombeau ! »

Et l’enfant, à cette voix tendre,
De la vie oubliant le poids,
Rêve et se hâte de descendre
Le long des coteaux dans les bois.

Là, du plaisir tout a la forme ;
L’arbre a des fruits, l’herbe a des fleurs ;