Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/409

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Toujours sereine et pacifique,
Elle offre à l’auguste indigent
Des dons de reine magnifique,
Des soins d’esclave intelligent !

A-t-il faim ? au fruit de la branche
Elle dit : — Tombe, ô fruit vermeil !
A-t-il soif ? — Que l’onde s’épanche !
A-t-il froid ? — Lève-toi, soleil !


II



Mais, hélas ! juillet fait sa gerbe ;
L’été, lentement effacé,
Tombe feuille à feuille dans l’herbe
Et jour à jour dans le passé.

Puis octobre perd sa dorure ;
Et les bois dans les lointains bleus
Couvrent de leur rousse fourrure
L’épaule des coteaux frileux.

L’hiver des nuages sans nombre
Sort, et chasse l’été du ciel,
Pareil au temps, ce faucheur sombre
Qui suit le semeur éternel !

Le pauvre alors s’effraie te prie.
L’hiver, hélas ! c’est Dieu qui dort ;
C’est la faim livide et maigrie
Qui tremble auprès du foyer mort !

Il croit voir une main de marbre
Qui, mutilant le jour obscur,