Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/422

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Je n’y veux pas songer, car le repos vous plaît ;
Mais mon œil endormi ferait, s’il le voulait,
De tous ces fronts jaillir des flammes ! "

Elle parlait, charmante et fière et tendre encor,
Laissant sur le dossier de velours à clous d’or
Déborder sa manche traînante ;
Et toi tu croyais voir à ce beau front si doux
Sourire ton vieux livre ouvert sur tes genoux,
Ton Iliade rayonnante !

Beau livre que souvent vous lisez tous les deux !
Elle aime comme toi ces combats hasardeux
Où la guerre agite ses ailes.
Femme, elle ne hait pas, en t’y voyant rêver,
Le poëte qui chante Hélène, et fait lever
Les plus vieux devant les plus belles.

Elle vient là, du haut de ses jeunes amours,
Regarder quelquefois dans le flot des vieux jours
Quelle ombre y fait cette chimère ;
Car, ainsi que d’un mont tombent de vives eaux,
Le passé murmurant sort et coule à ruisseaux
De ton flanc, ô géant Homère !

26 février 1837