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XXX




Un jour l’ami qui reste à ton cœur qu’on déchire
Contemplait tes malheurs,
Et, tandis qu’il parlait, ton sublime sourire
Se mêlait à ses pleurs :

I


"Te voilà donc, ô toi dont la foule rampante
Admirait la vertu,
Déraciné, flétri, tombé sur une pente
Comme un cèdre abattu !

Te voilà sous les pieds des envieux sans nombre
Et des passants rieurs
Toi dont le front superbe accoutumait à l’ombre
Les fronts inférieurs !

Ta feuille est dans la poudre, et ta racine austère
Est découverte aux yeux.
Hélas ! tu n’as plus rien d’abrité dans la terre
Ni d’éclos dans les cieux !

Jeune homme, on vénérait jadis ton œil sévère,
Ton front calme et tonnant ;
Ton nom était de ceux qu’on craint et qu’on révère,
Hélas ! et maintenant

Les méchants, accourus pour déchirer ta vie,
L’ont prise entre leurs dents,