Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/151

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Aujourd’hui, — c’est un autre âge,
Et les flambeaux sont changeants, —
Je n’ai plus d’autre éclairage
Que le ciel des pauvres gens.

Je reçois dans ma feuillée,
Sombre, aux mille trous vermeils,
La grande nuit étoilée,
Populace de soleils.

Des planètes inconnues
Passent sur mon dôme obscur,
Et je tiens pour bien venues
Ces coureuses de l’azur.

Je n’ai plus les pots de soufre
D’où sortaient les visions ;
Je me contente du gouffre
Et des constellations.

Je déroge, et la nature,
Foule de rayons et d’yeux,
M’attire dans sa roture,
Pêle-mêle avec les cieux.

Cependant tout ce qui reste
Dans l’herbe où court le vanneau
Et que broute l’âne agreste,
Du royal siècle à giorno ;

Tout ce qui reste des gerbes.
De Jupin, de Sémélé,
Des dieux, des gloires superbes,
Un peu de carton brûlé ;