Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/39

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Aux champs les vers deviennent strophes ;
À Paris, l’étang, c’est l’égout.
Je sais qu’il est des philosophes
Criant très haut : « — Lutèce est tout !

« Les champs ne valent pas la ville ! »
Fils, toujours le bon sens hurla
Quand Voltaire à Damilaville
Dit ces calembredaines-là.


iii


Aux champs, la nuit est vénérable,
Le jour rit d’un rire enfantin ;
Le soir berce l’orme et l’érable.
Le soir est beau ; mais le matin,
 
Le matin, c’est la grande fête ;
C’est l’auréole où la nuit fond,
Où le diplomate a l’air bête,
Où le bouvier a l’air profond.
 
La fleur d’or du pré d’azur sombre,
L’astre, brille au ciel clair encor ;
En bas, le bleuet luit dans l’ombre,
Étoile bleue en un champ d’or.

L’oiseau court, les taureaux mugissent ;
Les feuillages sont enchantés ;
Les cercles du vent s’élargissent
Dans l’ascension des clartés.