Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/132

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ZÉNITH.

Morus meurt pour la loi ; Caton, pour la patrie.

NADIR.

La lâche multitude obéit, tremble et crie.
Le cri monte de ceux sur qui l’on marche à ceux
Sur qui l’on frappe : serfs, moujiks, fellahs crasseux,
Esclaves. Les pavés se plaignent aux enclumes.

ZÉNITH.

Que de couronnes d’or, que de chapeaux à plumes
Sur des fronts criminels !

NADIR.

Sur des fronts criminels ! Quels gros clous aux souliers
De l’honnête homme !

ZÉNITH.

De l’honnête homme ! Ô bons, vous êtes les piliers
Du ciel mystérieux où gravitent les mondes !
La raison de tout sort de vos âmes profondes.
Sans vous tout serait sombre et tout serait obscur.
La justice sacrée, et qui remplit l’azur,
Commence à l’honnête homme et finit aux étoiles.
Les justes méconnus rayonnent sous leurs voiles ;
Comme le ciel, ils ont en eux l’immensité,
Et, s’il est la lumière, ils sont la vérité.

NADIR.

Buvons !

ZÉNITH.

Buvons ! Gloire au soleil !

NADIR.

Buvons ! Gloire au soleil ! Il rit de la nature.
Tous les échantillons d’esprit et de stature
Sont égaux et pareils devant ce bec de gaz,
Depuis Petit Poucet jusqu’à Micromégas !