Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/233

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Phébus, si cet orchestre à ma guise marchait,
Ne serait pas de trop pour en tenir l’archet.
Morbleu ! je n’entends pas que l’ennui vous assomme.
Je vous protège, moi. Marquise, un galant homme
Prend une femme en gré, sans être un songe-creux,
Sans être pour cela forcé d’être amoureux,
Et, gaîment, au-dessus des misères, l’enlève.
Les besoins de la vie et les besoins du rêve
Se tiennent ; c’est la robe avec le falbala.
J’ai tâché de comprendre à peu près tout cela,
Et je prétends, c’est là ma façon d’être tendre,
Vous préserver de tout et de tout vous défendre.

ZABETH, regardant Gallus fixement.

Désirez-vous savoir la vérité ?

GALLUS.

Désirez-vous savoir la vérité ? Fort peu.

ZABETH.

Je vous ruine.

GALLUS.

Je vous ruine. Après ?

ZABETH.

Je vous ruine. Après ? Je vous trompe.

GALLUS.

Je vous ruine. Après ? Je vous trompe. Parbleu !

Il découpe une aile de perdrix et l’offre à Zabeth.

Des amants, c’est de droit. Moi, par-dessus la tête
J’en aurais, si j’étais femme, et, comme c’est bête !
Ça n’empêcherait pas que je n’aime quelqu’un.
Trompez-moi. Je n’ai pas le goût d’être importun
Et jaloux, ni le temps d’être amoureux et fade.
Et ruinez-moi. J’aime avoir une naïade,
Une femme, chez moi, qui, d’un air négligent,
Penche l’urne d’où coule à grands flots mon argent.