Oh ! reviens ! printemps ! fanfare
Des parfums et des couleurs !
Toute la plaine s’effare
Dans une émeute de fleurs.
La prairie est une fête ;
L’âme aspire l’air, le jour,
L’aube, et sent qu’elle en est faite ;
L’azur se mêle à l’amour.
On croit voir, tant avril dore
Tout de son reflet riant,
Éclore au rosier l’aurore
Et la rose à l’orient.
Comme ces aubes de flamme
Chassent les soucis boudeurs !
On sent s’ouvrir dans son âme
De charmantes profondeurs.
On se retrouve heureux, jeune,
Et, plein d’ombre et de matin,
On rit de l’hiver, ce jeûne,
Avec l’été, ce festin.
Oh ! mon cœur loin de ces grèves
Fuit et se plonge, insensé,
Dans tout ce gouffre de rêves
Que nous nommons le passé !
Je revois mil huit cent douze,
Mes frères petits, le bois,
Le puisard et la pelouse,
Et tout le bleu d’autrefois.