Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/190

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XVI Rends-tu de temps en temps des services à Dieu ?


Rends-tu de temps en temps des services à Dieu ?
S’en remet-il sur toi, dans le funèbre lieu,
Du soin d’acheminer les ombres dans l’abîme ?
Est-ce toi qui, selon le mérite ou le crime,
Ouvre aux chutes le gouffre et l’azur aux essors ?
Est-ce toi qui dis : entre ? est-ce toi qui dis : sors ?
Dieu trouve-t-il tes yeux assez grands,. assez calmes,
Pour qu’il ait dans tes mains mis la gerbe des palmes
Ou la sinistre clef dés ténèbres sanS bords.?
L’aides-tu dans la fosse au classement des morts ?
Lés lendemains de cirque et de fête dans Rome,
Quand les gladiateurs ont rougi l’hippodrome,
Les jours d’autodafé, de Saint-Barthélemy,
Quand, sanglant, dans la mort un massacre â vomi,
Quand un champ de bataille, effroyable. hécàtombe,
Se vide un soir d’été tout entier dans la tombe,
Quand, après une peste, un naufrage, un combat,
S’ouvre l’éternité, rive obscure où s’abat
Ce vol-d’âmes, jetant des murrimurés’sauvages,
Es-tu là, surveillant -ces sombres arrivages ?

XVII Ceux par qui le malheur