Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/207

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À mesure qu’au loin s’éclipse
La plaine effacée au regard,
Toute une sombre apocalypse
Apparaît à l’homme hagard.

Tous ces fantômes que, sans nombre,
Produit le soir qui s’assombrit,
L’entourent, et, sortant de l’ombre,
Entrent en foule en son esprit.

Noir cerveau sur qui Dieu surplombe,
Il rêve ce que Jean rêva,
Le jour qui fuit, la nuit qui tombe,
La mort qui vient, l’homme qui va...

Devant sa paupière enflammée,
Sur un fond morne. et sans rayons,
Comme les flots d’une fumée,
Passent les lentes visions.

La destinée à lui se montre.
Il croit entrevoir, en fuyant
Les pâles spectres qu’il rencontre,
Quelque paysage effrayant.

Il songe effaré ! -Tout se lève,
Tout retombe, tout a flotté.
Il ne sait plus si c’est lé rêve
Ou si c’est la réalité. -