Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/236

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Si vous attendez quelque chose,
Rochers pensifs, dites-le-moi !
Dites-moi de quoi se. compose
Le bien, le mal, le sort, la:loi,
O récifs ! pièges ! araignées !
Foudre qui jettes à poignées
Tes cheveux de flamme aux enfers,
Secouant sur les flots sauvages
Dans l’âpre forêt des nuages
Le hideux buisson des éclairs !
Et toi, la : grande vagabonde,
L’hydre verte au dos tortueux,
Que dis-tu, mer. où l’ombre abonde,
Bouleversement monstrueux ?
O flots ! ô, coupe d’amertume !

Quel symbole êtes-vous, écume,
Bave d’en bas jetée au jour,
Fange insultant l’aube sereine,
Éternel crachat de la haine
A l’éternel front de l’amour !

Laissons les flots battre la plage !
Laissons la mer lugubre en paix !
Et laissons. l’orageux feuillage
Frissonner dans les bois épais !
Ne troublons pas les harmonies
Rauques, étranges, infinies,
Des océans et des typhons !
Laissons les vents à leurs démences !
Et laissons dans les cieux immenses
S’envoler les aigles profonds !