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II LES ÉVANGÉLISTES

Sur des livres où rien n'était écrit-encore,
Quatre hommes méditaient quand mourut l'homme-Dieu;
Tournés au nord, au sud, au couchant, à l'aurore,
Ces hommes se nommaient Luc, Jean, Marc et Matthieu.
Pendant que sur leur noir registre
Tombait l'ombre du mont sinistre,
Et qu'ils rêvaient, battus des vents,
On vit, sur la croix qui nous navre;
Les clous de l'immense cadavre
Grandir et devenir vivants.

Le premier clou devint un aigle à forme étrange,
Le second fut un boeuf, le troisième un lion,
Le quatrième prit la figure d'un ange
Ayant l'éclair pour aile et pour oeil le rayon;
Puis, s'envolant du haut calvaire,
Ils quittèrent l'arbre sévère,
Ils quittèrent l'affreux, chevet,
Et chacun, dans l'ombre où nous sommes,
À l'oreille de ces. quatre hommes
Vint raconter ce qu'il savait.

4 avril 1854.


III Comme leurs yeux troublés