Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/260

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songeur, je dis Dieu ; je pourrais dire Centre.
Ils vont, viennent ; l’un sort, l’autre accourt, l’autre rentre,
Et l’un pour l’autre ils sont des apparitions.
Tel fait qui sert de base à vos convictions
Et qui chez vous émeut le savant et le sage,
N’est sôuvent qu’un aspect, un fantôme, un passage.

Maintenant, connais-tu la révolution,
Homme, du fait idée et du fait passion ?
Connais-tu les réels ? connais-tu les possibles ?
Toutes les fonctions te sont-elles visibles ?
Sais-tu, triste passant dans cette ombre venu,
Tout ce qui tourne autour du pivot inconnu,
Et la totalité de l’ordre planétaire ?
Parce qu’en décrivant son orbe, ton mystère
Arrive à côtoyer dans le cercle fatal
L’autre mystère obscur que tu nommes le mal,
Faut-il pas t’expliquer cette coïncidence ?

L’essor plus ou moins lourd dans l’air plus ou moins dense,
L’aigle fait pour l’éther, l’esprit fait pour l’amour,
Ces équilibres-là t’apparaîtront un jour.

Comment de l’idéal le réel est capable ;
Comment ce qui vous est caché nous est palpable,
Comment votre visible est invisible à nous ;
Comment il est un monde abstrait, terrible et doux,
Que vous ne voyez pas et qui se mêle au vôtre
Ainsi que, branche à branche, un arbre entre dans l’autre ;
Comment l’univers lie, en un ordre éternel,
L’engrenage moral au rouage charnel ;
Comment aux-faits"vivants qui pleurent, chantent, grondent,
D’autres faitsdans l’idée et l’esprit correspondent ;
Comment, sur l’axe unique où tout l’être est construit,
Avèc lé zodiaque éclatant de la nuit,
Tourne le zodiaque effrayant du mystère ;