Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/209

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Une femme chez l’orfèvre
Entre, sourire éclatant ;
Les paroles sur sa lèvre
Battent de l’aile en chantant.

Elle porte un châle à palmes,
Un chapeau rose charmant ;
Autour de ses grands yeux calmes
Tout frissonne doucement.

Elle brille et jase, et semble
Lueur, parfum, colibri ;
Si belle que le cœur tremble,
S’étonne, et cherche un abri.

Où va-t-elle ? d’où sort-elle ?
D’où sort l’aube ? où va le jour ?
Elle est la joie, étincelle
De cette flamme, l’amour.

Le peuple à la vitre admire,
D’un œil. tendre et transporté,
Les femmes le cachemire
Et les hommes la beauté.

Tous l’appellent fée ou reine,
Astre, ange des cieux venu,
Et se sentent pleins de haine
Pour son amant inconnu.

Elle est blanche, aimable, exquise,
Folle et gaie ; et, sans combats,
Toute la foule est conquise ;
Chacun soupire tout bas :