Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/313

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Ceux qui sur ce débris collèrent leur oreille
Entendirent dans l'ombre une rumeur pareille
A l'océan qui parle et se plaint sous les cieux.

Voici ce que disait ce bruit mystérieux:

Vous vous êtes trompés comme se trompait Rome.
Ce que vous avez pris pour la gloire d'un homme,
C'est la gloire d'un peuple, et c'est la vôtre, hélas!
Peuple, quels sont mes torts? les trônes en éclats,
L'Europe labourée en tous sens par la France,
La bataille achevée en vaste délivrance,
Le moyen-âge mort, les préjugés proscrits.
Que me reprochez-vous? le sang, les pleurs, les cris,
Les deuils, et les trop grands coups d'aile des victoires;
D'être une cime où luit l'éclair dans les nuits noires,
De vivre, et d'attester que vos pères ont mis
Leur âme dans l'airain des canons ennemis.
Mon crime, c'est la lutte altière des épées,
Le choc des escadrons, les cuirasses frappées,
Les échelles au mur, les clairons, les assauts.
Les lions sont haïs par vous les lionceaux;
Votre enfance n'a pu supporter ma vieillesse. -
Soit. Je pars avec Ulm et Wagram.; je vous laisse
Avec Sedan. Adieu. Je gêne. Je m'en. vais.
J'aime encor mieux ma. guerre, hélas, que votre paix.