Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/352

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Ce que je veux tuer, ce n'est pas lui,
C'est, son crime. Cet homme a failli, s'est enfui,.
Pour l'âme épouvantable et vile,
Pour celui qui livra la porte de la. ville,
Qui donna ses soldats, comme on donne un troupeau,
Qui poignarda la gloire et vendit le drapeau,
Pour cet homme de deuil, de mensonge et de ruse,
Les sombres firmaments n'admettent pas d'excuse.
Après que dans un siècle, où tout semble effacé,
Un si lâche assassin de l'honneur a passé,
On ne tient plus à vivre, on ne sait plus que croire;
Et la vertu, la foi, la probité, l'histoire,,
Sont comme des rayons dans la mer engloutis.

Si l'on voulait mêler-cet homme à ses petits,
La tigresse serait indignée et confuse;
La fauve honnêteté des-antres le refuse
Et ne lui donne point dans les bois frémissants
Place parmi les loups hideux, mais innocents;
A tout perdu!
 
Et toute la nature, étant une patrie,
Abhorre, en sa sauvage et fière rêverie,
Le fourbe autour duquel Satan vient chuchoter
L'astre des cieux n'est pas d'avis qu'on puisse ôter
Sa honte à ce damné dont Caïn est l'ancêtre,
Et veut lé voir infâme après l'avoir vu traître.
Ne faisons point douter les hommes; laissons-leur
L'horreur du meurtrier, du menteur, du voleur,
Ne troublons pas en eux la notion du juste;
Faisons luire à leurs yeux la certitude auguste,
L'héroïsme est un ciel, l'honneur est un azur;