Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/121

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Cette détresse est là sous nos yeux, cela souffre,
Crie, appelle, et l’on voit leurs bras sortir du gouffre,
Ils pleurent, et la terre et le ciel sont témoins.
À présent, calculons. Deux. millions au moins.
Trois peut-être. Tout rendre aux fils est nécessaire.
Il faudra rembourser cette longue misère.
N’a-t-on pas plus tôt fait de dire : Toi qui fus
Innocent, reste infâme ! Et c’est fini. Refus :
Tout est dit. Être juste est bien, être économe.
Est mieux.
Et puis, de quoi te plains-tu, mon brave homme ?
De ce qu’on t’a coupé la tête par erreur ?
Ce n’est pas notre faute à nous ; et l’empereur
Doit-il, parce qu’on dit beaucoup d’impertinences
Sur cet accident-là, pâtir-dans ses finances,
Renonçer à Biarritz, vu que Lesurque est cher,
Et n’avoir plus de quoi payer monsieur Rouher ?
Qu’en pensez-vous, Glandaz ? Qu’en pensez-vous,.Devienne ?
Président Legagneur, autant qu’il men souvienne,
Tu jugeas l’accusé Bonaparte jadis,
Et tu sers l’empereur ; rends ton oracle ! dis !
Allons-nous ruiner le budget, qui nous dote,
Pour recrépir à neuf une antique anecdote,
Pour raccommoder, quoi ? le nom d’un homme mort,
Et pour laver au fond du code un vieux remord ?
Bah ! nous rencontrerions, si nous l’osions prescrire,
Le doux nenni de Magne avec son doux sourire.
Le jour où, devant l’huis du trésor, surgirait,
Enclose dans les flancs’ sacrés de notre arrêt,
La justice, devoir, dette, loi des croyances,
Clarté, sommation céleste aux consciences ;
Le caissier, ricanant de Lesurques plaintif,
Allumerait son poêle avec ce plumitif.
Sous l’empire on est fort ; on gouverne, on décrète ;
De la chose jugée on fait sa,cigarette.
D’ailleurs on est sceptique. A bas les morts gênants !