Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/122

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On tourne volontiers le dos aux revenants,
Surtout quand le fantôme apporte une quittance.
Le vrai vieilli n’est plus vraisemblable à distance ;
Et nous ferions hausser les épaules de ceux
Qui gagnèrent le lot d’un coup d’état chanceux
Si nous venions leur dire : O succès ! ô puissance !
Il existe une chose appelée innocence.

Et puis, voyons, vraiment, où s’arrêterait-on ?
Que fut à son début l’empire ? Un gueuleton.
S’ait : Mais si l’on persiste à faire ainsi ripaille,
L’empereur finira par être sur la paille.
Le budget fêlé fuit. Nous avons des héros,
Nous avons des sauveurs, et cela coûte gros.
On paya Bacciochi, Dieu sait pour quels services,
Magnan pour ses forfaits et Morny pour ses vices,
Va-t-on indemniser tout le monde à présent ?
Hier le criminel, aujourd’hui l’innocent.’
C’est trop. Bornons les frais. La loi, qui règne et fauche,
Frappa Lesurques. Bien. Complétons cette ébauche.
On a guillotiné le grand-père à tâtons ;
Exécutons les fils orphelins, et mettons
Leur requête au panier, comme on y mit sa tête.

Faisons à ce sépulcre une faillite honnête ;
Motivons-la si bien qu’on dise : Ils ont raison.
Remettons ce Lesurque en terre, de façon
Qu’il ne puisse, à travers la broussaille, l’ortie,
L’injustice et l’oubli, faire une autre sortie.
Les morts n’ont pas le droit d’ennuyer les vivants.
Régnons, cadis altiers, du haut de nos divans,
Dans notre pourpre ayant un linceul pour doublure.
Ne cédons point ; laissons sur ce nom la souillure ;
Car la démagogie en ce siècle grandit.
Finissons-en avec ce Lesurques. C’est dit.
Ne souffrons pas qu’on touche aux lois, vieille bâtisse.
Quand un homme a péri par arrêt de justice,