Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/128

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Pourront venir, pourront prodiguer leur grimoire
Et leur haine à cette humble et tragique mémoire,
Ces stercoraires sont un assez vil essaim.
Pour croasser sans cesse : assassin ! assassin !
Ils pourront, tous, en foule, à l’heure où la nuit tombe,
Se percher, au-dessus de cette pauvre tombe,
Dans les hideux rameaux du code, obscur cyprès
D’où tombe cette fiente immonde, leurs arrêts ;
Ils pourront épaissir leur justice fétide
Sur -ce damné, des lois morne cariatide ;
Ils pourront ajouter le désespoir.au deuil,
Sous leur chose jugée accabler ce cercueil,
Faire une ignominie exprès pour cette fosse,
Déclarer le lys noir et la vérité fausse ;
Paris, ce vieux Paris si petit et si grand,’
Pourra dormir, chanter, manger, boire, ignorant
A qui le droit, à qui l’opprobre, à qui la palme ;
Soudain, un jour, le ciel oublié, le ciel calme,
Blanchira du côté maudit de l’horizon ;
Ceux qui regarderont auront un grand frisson
Et l’attente sacrée entrera dans leur âme ;
Et l’on verra, là-bas, dans l’atmosphère infâme,
Tout à coup, au-dessus du sépulcre effrayant
Que la loi,- l’Euménide inepte, en bégayant,
Monstre aveugle, a flétri dans sa toute-puissance,
Se lever lentement cet astre, l’innocence !

H.-H. 27 décembre.

== XLVI