Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/23

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ÉCRIT SUR UN EXEMPLAIRE DE LA VIE D’APOLLONIUS DE TYANE


Les sages, en suivant leurs rêves nécessaires,
Ne perdent pas de vue ici-bas les misères ;
L’astre les enchaîne à son char ;
Ils creusent l’être, l’âme, et l’espace, et le nombre ;
Un de leurs yeux profonds contemple Dieu dans l’ombre,
Mais l’autre est fixé sur César ;
Les constellations énormes chue Dieu penche
Tantôt vers l’âpre nuit, tantot vers l’aube blanche,
L’ombre, les abîmes, les fleurs,
L’immense vision des choses éternelles,
Emplissent de rayons une de leurs prunelles,
Et de l’autre. il tombe des pleurs ;
Leur esprit, dont la foule écoute les paroles,
Penché sur les soleils, les ondes, les corolles,
Sur l’arbre où Jésus s’endormit,
Sur les ténèbres, gouffre où la clarté se lève,
Regarde en même temps la nature qui rêve
Et l’humanité qui gémit ;