Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/301

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III Le Hartz


« Le Hartz est un pays de frênes et d’érables ;
Nous chassions devant nous un tas de misérables,
En guenilles, fuyant: à travers les halliers ;
Hommes, femmes, enfants; n’ayant pas de souliers,
Nous étions sans pitié pour les pieds nus des autres ;
En guerre on dit: Chacun ses haillons, vous les vôtres,
Moi les miens; on est peu sensible, on a raison,
Et pour faire sa soupe on brûle une maison.

« Pensif, je constatais ces moeurs, sans trop m’y plaire.
On n’a pas de scrupule, on n’a pas de colère,
On sent qu’on est victime, on est des meurtriers,
On chante, on a la joie étrange des guerriers;
Et les choses qu’on fait, dans le sang et les flammes,
Sont illustres; sinon elles seraient infâmes ».