Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/384

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Que m’importe que Paris dorme,
      Ivre d’oubli,
Dans la brume épaisse et sans forme
      Enseveli !

Que m’importe, aux heures nocturnes
      Où nous errons,
Les ombres qui versent leurs urnes
      Sur tous les fronts,

Et, noyant de leurs plis funèbres
      L’âme et le corps,
Font les vivants dans les ténèbres
      Pareils aux morts !

Moi, lorsque tout subit l’empire
      Du noir sommeil,
J’ai ton regard, j’ai ton sourire,
      J’ai le soleil !

Je te parlais, ma bien-aimée ;
      Ô doux instants !
Ta, main pressait ma main charmée.
      Puis, bien longtemps,

Nous nous regardions pleins de flamme,
      Silencieux,
Et l’âme répondait à l’âme,
      Les yeux aux yeux !

Sous tes cils une larme obscure
      Brillait parfois ;
Puis ta voix parlait, tendre et pure,
      Après ma voix,