Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/414

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XC


Il faut que le poète, en sa dignité sainte,
Comme un dieu boit le fiel sache boire l’absinthe,
Qu’il marche gravement par son œuvre absorbé,
Comme le laboureur sur le sillon courbé,
Oubliant les frelons dont l’essaim l’environne,
Et les insectes noirs qui mordent sa couronne.
Il sied que le poète, à toute heure obsédé,
Sur le jaloux rhéteur à sa chaire accoudé,
Sur l’obscur pamphlétaire accroupi dans son bouge,
Imprime son dédain quoiqu’il ait un fer rouge !
Mais il est bon parfois qu’entouré d’envieux,
Il songe aux ennemis d’un maître illustre et vieux,
Qu’il tire de l’oubli qui sur leurs fronts retombe
Tous ces vils Bavius enfouis dans la tombe,
Et que sa main, tardive ainsi que le remords,
Fasse pour les vivants un exemple des morts !









































XCI Je voudrais qu’on trouvât tout simple