Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/444

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CXVI Hé, prends ton microscope,


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Hé, prends ton microscope, imbécile ! et frémis.

Tout est le même abîme avec les mêmes ondes.
L’infiniment petit contient les mêmes mondes
Que l’infiniment grand. Qué vas-tu’contempler
Le ciel noir quand il plaît aux nuits de l’étoiler,
Le groupe constellé, le globe, la planète,
Orion; Sirius que ,grossit ta lunette;
L’anneàu de celui-là, les lunes de ceux-ci ?
La fourmi sous sa patte a des sphères aussi ;
L’intervalle que font les ailes d’une mouche
Contient tout un azur où se lève et se couche
Un soleil invisible, éblouissant au loin
De profonds univers qui n’ont pas de témoin:
Montez ou descendez ; tout s’ouvre sans rien clore ;
On trouve au fond d’un puits un autre puits encore ;
La limite n’est pas dans la nature ; elle est
Dans l’instrument grossier, dans l’organe incomplet ;
Votre prunelle est moins un moyen qu’un obstacle ;
Tu n’as qu’à grandir l’œil pour grandir le spectacle ;
Le petit, c’est l’immense. En ta main, ô passant.
Prends la mer bleue ainsi qu’un verre grossissant,
Et, courbé sur là vie, abîme dont la lampe
Est un soleil qui brille ou bien tin ver qui rampe,
A travers l’océan regarde un puceron ;