Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/45

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Je luis, je frappe, j’émonde.
« Quand Dieu veut détruire un monde,
« C’est moi qui crie : Essayons !
« C’est moi qui brûle les âmes,
« Et, pour en faire des flammes,
« Moi qui rends fous les rayons.
« Ô mer, je fends, quand j’y tombe,
« Comme une vitre, la tombe ;
« Quand je touche un dieu de nuit,
« Le dieu meurt aux mains du bonze ;
« Quand. je crache sur du bronze,
« Le bronze s’évanouit.
« Quand dans ma gueule je mâche
« Un méchant, un traître, un lâche,
« Le mal semble s’éclipser ;
« Quand sous mes pieds je trépigne
« Quelque noir colosse indigne
« On dit : Dieu vient de passer !
« J’ai tordu dans ma fournaise
« Les géants de la Genèse,
« Les titans aux bras nerveux ;
« Brûlant leur cri dans leurs "bouches,
« Je les emportais farouches,
« Mes éclairs dans leurs cheveux !

« J’ai dévoré sons leurs dômes
Les cinq rois des cinq sodomes,
« Gur, Zaïm, Henôch, Eloph,
« Bél, monstre aux mains jamais lasses… -
« Maintenant tu me remplaces,
« Talon de botte d’Orloff " !