Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/498

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GUERRE
Rien de plus juste, il faut payer les aumôniers,
Peuples, un éternel au pied de paix volts coûte
Moins cher qu’un Tout-Puissaùt au pied de guerre. En route,
Canons, mortiers, drapeaux, et vous, psaumes blindés
Couvrant les rois pendant qu’on joue un peuple aux dés,
Te Deum cuirassés, encensoirs de bataille !
Près des tambours-majors dressant leur haute taille,
Que les Agnus Dei fassent la grosse voix !
[1872]

Le vautour se prépare à dépecer les morts.
Il entend les chevaux hennir, rongeant le mors,
Et les casques sonner ainsi que des enclumes,
Et passe, frissonnant, son bec entre ses plumes.
La vieille bougonnait dans sa barbe ; les mômes
Grognaient, petit tas noir de Pierres et de Jeans ;
Le gîte était immonde à faire fuir les gens ;
Près du feu qui mettait son suif à la torture,
Une chandelle en deuil pleurait dans la friture.
[1858