Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/503

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Les grands hommes plus tard sont vengés par l’histoire.
Mais c’est quand ils sont morts qu’on dit : ils sont vivants.
Tant qu’ils sont là, la haine acharnée à leur gloire
Poursuit cette fumée et la disperse aux vents.
[1848-1850]

Toute haute figure un jour est abattue.
Le peuple brise un homme après l’avoir porté.
Le piédestal finit par haïr la statue,
Car il en sent le poids sans en voir la beauté.
[1848-1850]

Venise. Palais des doges.
L’escalier des géants (où les doges sont proclamés,
  où Faliero a été décapité).
Au bas de l’escalier,
  Sur deux socles, parmi les roses et les trèfles,
L’architecte a sculpté deux paniers pleins de nèfles
Pour faire entendre au peuple, enfant aux mille cris,
Que les hommes d’état ne sont bons que’ pourris.
[1857-1858]

Avez-vous vu parfois dans le soleil lévant,
Tournoyer, cendre d’or, les atomes du vent,
Étoilant le néant, faisant dans la lumière
Avec des grains de cendre et des grains de poussière
Des constellations d’infiniment petits ?
[1858.]