Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/65

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Tout est bien. Honte et gloire. On encaisse des sommes.
Le peuple dort ; dormir, c’est abdiquer ; les hommes
Sont ou gisants de force ou courbés de plein gré.
L’empereur brille, d’ombre et de soleil tigré.
Pas un talent ne l’aide ; et c’est là le miracle.
L’histoire n’avait pas encor vu ce spectacle
La complicité bête autour d’un crime noir.
C’est une des beautés de César que d’avoir
Seul de la profondeur dans ses sanglants, caprices,
Et que d’être un mandrin servi par des jocrisses.
Rouher, en lui venant baiser le tibia,
L’inonde de pathos, et Suin de charabia ;
Grandperret, Chaix d’Estange, assassinent la langue ;
Car ils ont dépassé dans le genre harangue
Même l’ancien patois bête des vieilles cours
Leur bouche vile abonde en stupides discours ;
De toute ignominie ils ont les monopoles.
Ô Satan, qui créas les Séjans,- les Walpoles,
Les Dubois, les Rùfins, jamais tu n’accouplas
A d’aussi lâches cœurs des esprits aussi plats !
Mais cette petitesse augmente Bonaparte.
Colosse à Sybaris,- on serait nain à Sparte ;
Si Pygmée- est debout parmi des endormis,
Il domine, et Tom Pouce est grand chez les fourmis.