Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome I.djvu/145

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promener avec joie. — Allons, femme, ne vois-tu pas ce sang ? Console-toi donc !

Puis tout à coup, comme frappé d’un souvenir, il s’interrompit :

— Veuve, ne t’a-t-on pas remis de ma part un coffre de fer ? — Quoi ! je t’ai envoyé de l’or et je t’apporte du sang, et tu pleures encore ! Tu n’es donc pas de la race des hommes ?

La veuve, absorbée dans son désespoir, gardait le silence.

— Allons ! dit-il avec un rire farouche, muette et immobile ! tu n’es donc pas non plus de la race des femmes ! Lucy Pelnyrh ! Et il secouait son bras pour qu’elle l’écoutât : est-ce qu’un messager ne t’a pas apporté un coffre de fer scellé ?

La veuve, lui accordant une attention passagère, fit un signe de tête négatif, et retomba dans sa morne rêverie.

— Ah ! le misérable ! cria le petit homme, le misérable infidèle ! Spiagudry, cet or te coûtera cher !

Et, dépouillant sa robe d’ermite, il s’élança hors de la cabane avec le grondement d’une hyène qui cherche un cadavre.