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XXV

LE LION.
Hoh !
THÉSÉE.
Bien rugi, lion !
Shakespeare, le Songe d’une nuit d’été.


On m’appelle le loup aux yeux étincelants ; je marche dans la solitude.
Edda


Reiginn parla : — Te voilà joyeux, Sigourdur, et resplendissant de victoire, tandis que tu nettoies ton épée Gramr dans l’herbe, tu as tué mon fils, mais c’est moi qui en ai été en partie la cause… Assieds-toi là, et tiens le cœur de Fafnir près du feu, je veux manger son cœur après avoir bu son sang.
La femelle de l’aigle parla : — Le voilà Sigourdur ; il est assis, couvert de sang. Il rôtit le cœur de Fafnir au feu… Qu’il envoie aux enfers ce bavard aux cheveux gris, en lui abattant la tête
Chant de Fafnir.


… Lève-toi, que je tue comme tu as tué mon fils.
Les Mille et une Nuits, nuit IIIe.



Le voyageur qui parcourt de nos jours les montagnes couvertes de neige dont le lac de Smiasen est entouré comme d’une ceinture blanche ne trouve plus aucun vestige de ce que les norvégiens du dix-septième siècle appelaient la ruine d’Arbar. On n’a jamais pu savoir de quelle construction humaine, de quel genre d’édifice, provenait cette ruine, si l’on peut lui donner ce nom. En sortant de la forêt qui couvre la partie méridionale du lac, après avoir gravi une pente semée çà et là de pans de murs et de restes de tours, on arrive à une ouverture voûtée qui perce le flanc du mont. Cette ouverture, aujourd’hui entièrement obstruée par les éboulements de terre, était l’entrée d’une espèce de galerie creusée à vif dans le roc, laquelle traversait la montagne de part en part. Cette galerie, éclairée faiblement par des soupiraux coniques, pratiqués dans sa voûte de distance en distance, aboutissait à une sorte de salle oblongue et ovale, creusée à moitié dans la roche et terminée en une espèce de maçonnerie cyclopéenne. Autour de