Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome I.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mes enfants, dit la voix attendrie de l’aumônier, dites-vous adieu. Il est temps.

— Hélas ! s’écria Éthel.

Toute sa force d’ange lui revint, et elle se prosterna devant le condamné :

— Adieu ! mon Ordener bien-aimé ; mon seigneur, donnez-moi votre bénédiction.

Le prisonnier accomplit ce vœu touchant, puis il se retourna pour saluer le vénérable Athanase Munder. Le vieillard était également agenouillé devant lui.

— Qu’attendez-vous, mon père ? demanda-t-il surpris.

Le vieillard le regarda d’un air humble et doux :

— Votre bénédiction, mon fils.

— Que le ciel vous bénisse et appelle sur vous toutes les félicités que vos prières appellent sur vos frères les autres hommes, répondit Ordener d’un accent ému et solennel.

Bientôt la voûte sépulcrale entendit les derniers adieux et les derniers baisers ; bientôt les durs verrous se refermèrent bruyamment, et la porte de fer sépara les deux jeunes époux, qui allaient mourir après s’être donné rendez-vous dans l’éternité.