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LI


saladin.
xxxxBravo, Ibrahim ! tu es vraiment un messager de bonheur ; je te remercie de ta bonne nouvelle.
le mamelouck.
xxxxEh bien ! il n’en est que cela ?
saladin.
xxxxQu’attends-tu ?
le mamelouck.
xxxxIl n’y a rien de plus pour le messager du bonheur ?
Lessing, Nathan le Sage.


Ainsi tous les forfaits reçurent leur salaire !
Ed. Géraud, Les enfants dans les bois, ballade.



Pâle et défait, le comte d’Ahlefeld se promène à grands pas dans son appartement ; il froisse dans ses mains un paquet de lettres qu’il vient de parcourir, et frappe du pied le marbre poli et les tapis à franges d’or.

À l’autre bout de l’appartement se tient debout, quoique dans l’attitude d’une prostration respectueuse, Nychol Orugix, vêtu de son infâme pourpre et son chapeau de feutre à la main.

— Tu m’as rendu service, Musdœmon ! murmure le chancelier entre ses dents, resserrées par la colère.

Le bourreau lève timidement son regard stupide :

— Sa grâce est contente ?

— Que veux-tu, toi ? dit le chancelier se détournant brusquement.

Le bourreau, fier d’avoir attiré un regard du chancelier, sourit d’espérance.

— Ce que je veux, votre grâce ? La place d’exécuteur à Copenhague, si votre grâce daigne payer par cette haute faveur les bonnes nouvelles que je lui apporte.

Le chancelier appelle les deux hallebardiers de garde à la porte de son appartement.

— Qu’on saisisse ce drôle, qui a l’insolence de me narguer.

Les deux gardes entraînent Nychol stupéfait et consterné, qui hasarde encore une parole :

— Seigneur…