Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome I.djvu/634

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le chevalier.

Ni moi. C’était un révolutionnaire, au fond, que votre M. de Malesherbes.

le philosophe.

L’échafaud de Malesherbes ne prouve rien contre la peine de mort en général.

le gros monsieur.

La peine de mort ! à quoi bon s’occuper de cela ? Qu’est-ce que cela vous fait, la peine de mort ? Il faut que cet auteur soit bien mal né de venir nous donner le cauchemar à ce sujet avec son livre !

madame de blinval.

Ah ! oui, un bien mauvais cœur !

le gros monsieur.

Il nous force à regarder dans les prisons, dans les bagnes, dans Bicêtre. C’est fort désagréable. On sait bien que ce sont des cloaques. Mais qu’importe à la société ?

madame de blinval.

Ceux qui ont fait les lois n’étaient pas des enfants.

le philosophe.

Ah ! cependant ! en présentant les choses avec vérité…

le monsieur maigre.

Eh ! c’est justement ce qui manque, la vérité. Que voulez-vous qu’un poëte sache sur de pareilles matières ? Il faudrait être au moins procureur du roi. Tenez : j’ai lu dans une citation qu’un journal faisait de ce livre, que le condamné ne dit rien quand on lui lit son arrêt de mort ; eh bien, moi, j’ai vu un condamné qui, dans ce moment-là, a poussé un grand cri. – Vous voyez.

le philosophe.

Permettez…

le monsieur maigre.

Tenez, messieurs, la guillotine, la Grève, c’est de mauvais goût. Et la preuve, c’est qu’il paraît que c’est un livre qui corrompt le goût, et vous rend incapable d’émotions pures, fraîches, naïves. Quand donc se lèveront