Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/153

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Fouché, âme de démon, face de cadavre ; Camboulas, l’ami du père Duchesne, lequel disait à Guillotin : Tu es du club des Feuillants, mais ta fille est du club des Jacobins ; Jagot, qui à ceux qui plaignaient la nudité des prisonniers répondait : Une prison est un habit de pierre ; Javogues, l’effrayant déterreur des tombeaux de Saint-Denis ; Osselin, proscripteur qui cachait chez lui une proscrite, madame Charry ; Bentabolle, qui, lorsqu’il présidait, faisait signe aux tribunes d’applaudir ou de huer ; le journaliste Robert, mari de Mlle de Kéralio, laquelle écrivait : Ni Robespierre, ni Marat ne viennent chez moi ; Robespierre y viendra quand il voudra, Marat, jamais ; Garan-Coulon, qui avait fièrement demandé, quand l’Espagne était intervenue dans le procès de Louis XVI, que l’assemblée ne daignât pas lire la lettre d’un roi pour un roi ; Grégoire, évêque, digne d’abord de la primitive Église, mais qui plus tard sous l’empire effaça le républicain Grégoire par le comte Grégoire ; Amar qui disait : Toute la terre condamne Louis XVI. À qui donc appeler du jugement ? Aux planètes ; Rouyer, qui s’était opposé, le 21 janvier, à ce qu’on tirât le canon du Pont-Neuf, disant : Une tête de roi ne doit par faire en tombant plus de bruit que la tête d’un autre homme ; Chénier, frère d’André ; Vadier, un de ceux qui posaient un pistolet sur la tribune ; Panis, qui disait à Momoro : Je veux que Marat et Robespierre s’embrassent à ma table chez moi. — Où demeures-tu ? — À Charenton. — Ailleurs m’eût étonné, disait Momoro ; Legendre, qui fut le boucher de la révolution de France comme Pride avait été le boucher de la révolution d’Angleterre ; — Viens, que je t’assomme !, criait-il à Lanjuinais. Et Lanjuinais répondait : Fais d’abord décréter que je suis un bœuf ; Collot d’Herbois, ce lugubre comédien, ayant sur la face l’antique masque aux deux bouches qui disent Oui et Non, approuvant par l’une ce qu’il blâmait par l’autre, flétrissant Carrier à Nantes et déifiant Châlier à Lyon, envoyant Robespierre à l’échafaud et Marat au Panthéon ; Génissieux, qui demandait la peine de mort contre quiconque aurait sur lui la médaille Louis XVI martyrisé ; Léonard Bourdon, le maître d’école qui avait offert sa maison au vieillard du Mont-Jura ; Topsent, marin, Goupilleau, avocat, Laurent Lecointre, marchand, Duhem, médecin, Sergent, statuaire, David, peintre, Joseph Égalité, prince. D’autres encore : Lecointe-Puiraveau, qui demandait que Marat fût déclaré par décret « en état de démence » ; Robert Lindet, l’inquiétant créateur de cette pieuvre dont la tête était le Comité de sûreté générale et qui couvrait la France de vingt et un mille bras qu’on appelait les comités révolutionnaires ; Lebœuf, sur qui Girey-Dupré, dans son Noël des faux patriotes, avait fait ce vers :

Lebœuf vit Legendre et beugla.

Thomas Paine, américain, et clément ; Anacharsis Cloots, allemand, baron,