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IV

les excès de zèle de gavroche.


Cependant il venait d’arriver une aventure à Gavroche.

Gavroche, après avoir consciencieusement lapidé le réverbère de la rue du Chaume, aborda la rue des Vieilles-Haudriettes, et n’y voyant pas « un chat », trouva l’occasion bonne pour entonner toute la chanson dont il était capable. Sa marche, loin de se ralentir par le chant, s’en accélérait. Il se mit à semer le long des maisons endormies ou terrifiées ces couplets incendiaires :


L’oiseau médit dans les charmilles
Et prétend qu’hier Atala
Avec un russe s’en alla.

    Où vont les belles filles,
          Lon la.

Mon ami pierrot, tu babilles,
Parce que l’autre jour Mila
Cogna sa vitre, et m’appela.

    Où vont les belles filles,
          Lon la.

Les drôlesses sont fort gentilles ;
Leur poison qui m’ensorcela
Griserait monsieur Orfila.

    Où vont les belles filles,
          Lon la.

J’aime l’amour et ses bisbilles.
J’aime Agnès, j’aime Paméla,
Lise en m’allumant se brûla.

    Où vont les belles filles,
          Lon la.

Jadis, quand je vis les mantilles
De Suzette et de Zéila,
Mon âme à leurs plis se mêla.

    Où vont les belles filles,
          Lon la.