Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome VII.djvu/350

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Une partie de l’énigme est devinée. Les autres données du problème sont à l’étude.

Les vents, ces despotes, obéissent ; cette troupe éparse et fantasque est commandée ; cette folie a des lois. Lois si grandes que les énoncer seulement est terrible.

La période lunaire de dix-neuf ans observée par GrandJean de Fouchy, la période solaire de quarante et un ans qui ramène le maximum des taches, le passage en foule des étoiles filantes dans les nuits climatériques du 10 août et du 12 novembre, toute cette mystérieuse législation régit la sombre rose des vents. L’aurore polaire est un signal qui fait lever l’ouragan. Un météore tombe dans le soleil, un orage éclate sur la terre ; coïncidence inouïe, loi peut-être.

Pressions prodigieuses. D’autres engrenages incommensurables sont entrevus. Du 10 octobre 1781 au 25 mars 1782, pendant que la cinquante-cinquième étoile d’Hercule s’éteignait, l’océan fut bouleversé d’orages. Schwabe affirme le fait solaire, Slough affirme le fait stellaire. Pourquoi non ? une fourmi pèse sur le globe ; une étoile peut bien peser sur le monde. Qui sait en quelle quantité nous dépendons des variations de l’étoile gamma d’Antinous, de l’étoile delta de Céphée et de l’étoile alpha du Dragon ? Qui connaît les dimensions de l’influence cosmique ? Qui sait la longueur des effluves ? Ne sentons-nous pas, dans une certaine mesure, à des contre-coups dans notre propre organisme planétaire, toutes ces présences lointaines, mais énormes, Sirius, Mira Ceti, Axgo arrivant par moments presque à l’intensité de Canopus, et les oscillations de l’Hydre d’Hévélius ? Humboldt en était rêveur. Est-on sûr que le passage de seize mille bolides en une nuit ne soit pour rien, par exemple, dans un coup de vent tel que celui qui refoula la mer dans les terres vers Elliott’s Key, au point de faire jeter l’ancre aux navires dans des forêts ? À leur réveil, les matelots du Ledbury-Snow aperçurent leur ancre accrochée sous l’eau dans le haut des arbres.

Il n’y a pas d’interruption dans la création ; point d’arche brisée ; point de lapsus ; un fait et ses dépendances embrassent toute la nature ; la chaîne est plus ou moins longue, mais ne se rompt jamais. Montez cette immense corde à nœuds, prenez un fait après l’autre, et vous arriverez du vibrion à la constellation. Le prodige immanent adhère à lui-même. Rien ne se dissipe. Il n’y a point d’effort perdu. L’inutile n’existe pas. L’univers a le nécessaire et n’a que le nécessaire.

L’influence astrale se combine avec l’influence tellurique. Les phénomènes inhérents au rétrécissement du cercle de rotation de la terre ne se lient-ils point, par exemple, au vol furieux de certains vents polaires ! et en