Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome II.djvu/276

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TRIBOULET.
Je ne lis pas de vers de vous. — Des vers de roi

Sont toujours très mauvais.

LE ROI.
Drôle !

TRIBOULET, sans s’émouvoir.
Que la canaille
Fasse rimer amour et jour vaille que vaille.

Mais près de la beauté gardez vos lots divers,
Sire, faites l’amour, Marot fera les vers.
Roi qui rime déroge.

LE ROI, avec enthousiasme.
Ah ! rimer pour les belles,
Cela hausse le cœur. — Je veux mettre des ailes

À mon donjon royal.

TRIBOULET.
C’est en faire un moulin.

LE ROI.
Si je ne voyais là madame de Coislin,
Je te ferais fouetter.
Il court à madame de Coislin et paraît lui adresser quelques galanteries.

TRIBOULET, à part.
Suis le vent qui t’emporte
Aussi vers celle-là !
M. DE GORDES, s’approchant de Triboulet et lui faisant remarquer
ce qui se passe au fond de la salle.
Voici par l’autre porte
Madame de Cossé. Je te gage ma foi

Qu’elle laisse tomber son gant pour que le roi
Le ramasse.

TRIBOULET.
Observons.
Madame de Cossé, qui voit avec dépit les attentions du roi pour madame de
Coislin, laisse en effet tomber son bouquet. Le roi quitte madame de Coislin et ramasse le bouquet de madame de Cossé, avec qui il entame une conversation qui paraît fort tendre.