tous les jours dans votre palais des comédies, des théâtres, des estrades pleines de musiciens. Pardieu, madame, moins de joie chez vous, s’il vous plaît, et moins de deuil chez nous. Moins de baladins ici, et moins de bourreaux là. Moins de tréteaux à Westminster, et moins d’échafauds à Tyburn !
Prenez garde. Nous sommes loyaux sujets, mylord Clinton. Rien sur la reine, tout sur Fabiani.
Patience !
Patience ! cela vous est facile à dire, à vous, monsieur Simon Renard. Vous êtes bailli d’Amont en Franche-Comté, sujet de l’empereur et son légat à Londres. Vous représentez ici le prince d’Espagne, futur mari de la reine. Votre personne est sacrée pour le favori. Mais nous, c’est autre chose. — Voyez-vous ? Fabiani, pour vous, c’est le berger ; pour nous, c’est le boucher.
Cet homme ne me gêne pas moins que vous. Vous ne craignez que pour votre vie, je crains pour mon crédit, moi. C’est bien plus. Je ne parle pas, j’agis. J’ai moins de colère que vous, mylord, j’ai plus de haine. Je détruirai le favori.
Oh ! comment faire ? j’y songe tout le jour.
Ce n’est pas le jour que se font et se défont les favoris des reines, c’est la nuit.
Celle-ci est bien noire et bien affreuse !
Je la trouve belle pour ce que j’en veux faire.
Qu’en voulez-vous faire ?
Vous verrez. — Mylord Chandos, quand une femme règne, le caprice règne. Alors la politique n’est plus chose de calcul, mais de hasard. On ne