Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/530

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui montrant la fenêtre.
Voyez ce beau soleil !

Régina.
Oui, le couchant s'enflamme.
Nous sommes en automne et nous sommes au soir.
Partout la feuille tombe et le bois devient noir.

Otbert.
Les feuilles renaîtront.

Régina.
Oui. —
Rêvant et regardant le ciel.

Vite! — a tire-d'ailes, —
— Oh ! c'est triste de voir s'enfuir les hirondelles !
Elles s'en vont là-bas vers le midi doré.

Otbert.
Elles reviendront.

Régina.
Oui. — Mais moi je ne verrai
Ni l'oiseau revenir, ni la feuille renaître !

Otbert.
Régina!...

Régina.
Mettez-moi plus près de la fenêtre..
Elle lui donne sa bourse.

Otbert, jetez ma bourse aux pauvres prisonniers.
Otbert jette la bourse par une des fenêtres du fond. Elle continue, l'œil fixé au dehors.
Oui, ce soleil est beau. Ses rayons, — les derniers! —
Sur le front du Taunus posent une couronne,
Le fleuve luit; le bois de splendeurs s'environne;
Les vitres du hameau, là-bas, sont tout en feu;
Que c'est beau! que c'est grand! que c'est charmant, mon Dieu !
La nature est un flot de vie et de lumière!...
Oh ! je n'ai pas de père et je n'ai pas de mère,
Nul ne peut me sauver, nul ne peut me guérir,
Je suis seule en ce monde et je me sens mourir.

Otbert.
Vous, seule au monde! et moi! moi qui vous aime!

Régina.
Rêve !