Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/539

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seul.
Merci, femme !
Quel que soit ton projet, qui que tu sois, merci !
Ma Régina vivra ! — Mais portons-lui ceci !
Il se dirige vers la porte bâtarde, puis s'arrête un moment et fixe son regard sur la fiole.
Oh ! que l'enfer me prenne, et qu'elle vive !
Il entre précipitamment sous la porte bâtarde, qui se referme derrière lui. Cependant on entend du-côté opposé des rires et des chants qui semblent se rapprocher. La grande porte s'ouvre à deux battants.

Entrent, avec une rumeur de joie, les- princes et les burgraves, conduits par Hatto, tous couronnés de fleurs, vêtus de soie et d'or, sans cottes de mailles, sans gambessons et sans brassards, et le verre en main. Ils causent, rivent et rient par groupes, au milieu desquels circulent des pages portant des flacons pleins de vin, des aiguières d'or et des plateaux chargés de fruits. Au fond, des pertuisaniers immobiles et silencieux. Musiciens, clairons, trompettes, hérauts d'armes.



Scène V

Hatto, Gorlois, Le Duc Gerhard de thuringe, Platon, margrave de Moravie ; Gilissa, margrave de Lusace ; Zoaglio giannilaro, noble génois ; Darius, burgrave de Laneck ; Cadwalla, burgrave d'Okenfels ; Lupus, comte de Mons ( tout jeune homme, comme Gorlois). Autres burgraves et princes, personnages muets, entre autres Uther, pendragon des Bretons, et les frères de Hatto et de Gorlois. Quelques femmes parées. Pages, officiers, capitaines.

Le Comte Lupus, chantant.

L'hiver est froid, la bise est forte,
Il neige là-haut sur les monts. —
Aimons, qu'importe !
Qu'importe, aimons !

Je suis damné, ma mère est morte, 

Mon curé me fait cent sermons. —
Aimons, qu'importe !
Qu'importe, aimons !

Belzébuth, qui frappe à ma porte,
M'attend avec tous ses démons. —
Aimons, qu'importe !
Qu'importe, aimons !

Le Margrave Gilissa, se penchant à la fenêtre latérale, au comte Lupus.
Comte,
La grand'porte du burg et le chemin qui monte
Se voit d'ici.

Le Margrave Platon,