Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/132

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Je vous retrouve tels que je vous vis d'abord.

Je n'étais plus vivant et je n'étais pas mort;

Vous m'êtes arrivés d'en haut comme deux anges;

Vous m'avez sauvé. Dieu, par des routes étranges,

Me ramène aujourd'hui, moi, dans votre chemin.

Vous appelez à l'aide et je vous tends la main.

Dieu, pour les surveiller, pencha °° saint Dominique

Sur Pierre deux, et moi sur Fernand, prince inique.

Je passe, et vous entends. Vous semblez en péril.

Êtes-vous prisonniers? Quel secours vous faut-il?

Dieu, pour faire un devoir quelconque, me procure

L'entrée en ce palais suspect, caverne obscure,

Je vous y trouve en peine, et ne m'étonne pas

Puisque Dieu nous conduit vous et moi pas à pas.

J'étais dans le tombeau, vous vîntes. Toi captive,

Toi captif, vous tremblez dans ce lieu noir. J'arrive.

Sans moi vous péririez. Sans vous j'étais perdu.

Vous fûtes imprévus, je suis inattendu.

Comment donc êtes-vous ici? Comment y suis-je?

Vous fûtes le miracle et je suis le prodige.

Dieu sait ce qu'il fait.

Don Sanche


, à Dona Rose.

Oui, c'est lui!

Torquemada


Ne craignez plus. Je suis là.

J'entrevois quelque piège. Reclus

Et moine, je connais les hommes. Je vous aime,

Et je vous défendrai contre le roi lui-même.

Don Sanche


 Vous êtes donc auprès du roi même?

Torquemada


Au-dessus.

Don Sanche


Qui donc êtes-vous?

Torquemada


Rien par moi. Tout par Jésus.

Don Sanche